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Citations à l'affiche
J’ai découvert l’Oisans à la fin de l’enfance.

Je devais avoir douze ou treize ans quand je suis monté avec ma mère au col du Gioberney par le versant Valgaudemar. Ce fut mon premier contact avec ce qu’on peut déjà appeler la haute montagne, le col culmine à 3 233 mètres. Si je ne garde aucun souvenir de la bavante qui y mène, la vue au sommet fut un éblouissement, une révélation proche de la conversion de Claudel à Notre-Dame : "Et c’est alors que se produisit l’événement qui domine toute ma vie. En un instant, mon cœur fut touché et JE CRUS." En arrivant au col, les Bans me dévoilèrent leur magie. Cette montagne, à l’époque, était recouverte de glace, elle resplendissait littéralement au soleil.

C’était gigantesque et irréel pour l’enfant que j’étais encore. Un monde nouveau s'ouvrait à moi. Je n'avais encore jamais vu une telle netteté, une telle évidence. Je ne l'ai bien sûr pas formulé ainsi à cette époque, mais la beauté m'avait frappé comme la foudre.

Je voulais monter En Haut.
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Sous nos ongles s’était niché un mendiant



en position fœtale.

nous l’accouchions intérieurement par mélancolie.

enjoués pleins de vie plus violacés plus beaux

que jamais.

nourrissage à partir du nourrissement vie de la vie.

comme la rosée sur les feuilles. s’étaient séparés le frère du frère

la sœur de la sœur

nous éti ons les locataires

il s’était proclamé maître nous marchions timidement

vers le prunier aux fruits joyeux.

il nous promettait le royaume.

de marmelade et de vodka rieni.
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Elle avait affronté le cosaque, le capitaine Miguel, le seul qui torturait à visage découvert à la Villa Grimaldi. Le cosaque lui montrait une photographie où nous étions tous les deux dans un parc de Santiago, et il lui demandait mon nom. Verónica ne disait rien. Son corps nu s'agitait sur la parrilla, le gril, le sommier métallique sur lequel on branchait les électrodes. Verónica se taisait. Krassnoff, le cosaque, empoignait sa chevelure emmêlée et lui promettait la liberté contre l'adresse de ma planque. Verónica la connaissait, et elle se taisait. Elle se tordait de douleur à chaque séance de torture et elle se taisait. Son silence était la plus grande preuve de son amour pour moi et pour les camarades. Verónica décida d'oublier le mécanisme qui acheminait les mots depuis le sentiment jusqu'à ses lèvres et, de toutes ses forces de combattante, éloigna son corps du royaume du cosaque.
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Deborah se précipita dans les escaliers, le cœur battant la chamade. Elle était invitée à dîner à Barfield House ! Elle téléphona immédiatement à sa mère à Stratford-upon-Avon. Mrs Camden, femme effacée et fatiguée, usée par les années consacrées à élever Deborah et ses deux frères – Mr Camden ayant disparu pour une destination inconnue peu après la naissance de Deborah, la cadette –, écouta sa fille tout excitée se vanter de son invitation à Barfield House.

— Et porte des sous-vêtements propres, ma chérie, conseilla Mrs Camden. On ne sait jamais ce qui peut arriver.
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 Anonyme
Beaucoup trop oublient que les gens sont comme des couteaux suisses ; leur métier ne représente qu'une, pas nécessairement la meilleure, en tout cas une seulement de leurs nombreuses potentialités.
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Vous vous exagerez l'hypocrisie des hommes, dit le capitaine en haussant les épaules. La plupart pensent trop peu pour penser double.



(P.140)
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Je ne devrais pas la juger. Je ne sais rien de sa vie.
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Cri n°18



Le bûcheron



Il était vieux. Alors, je l'ai cogné. J'ai cogné, j'ai cogné et parce qu'il résistait, je l'ai cogné encore. Je l'ai cogné longtemps. Jusqu'à ce qu'il tombe. Sa sève coulait à flots sur ma lame comme du sang. Éclaboussait mes manches. Et quand il est tombé, l'arbre, son grincement nerveux m'est entré dans l'âme. C'est un cri, j'ai compris, qui ne vient ps du tronc mais vient droit de la cime.
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La vie est plus vaine une image

Que l'ombre sur le mur.

Pourtant l'hiéroglyphe obscur

Qu'y trace ton passage



M'enchante, et ton rire pareil

Au vif éclat des armes;

Et jusqu'à ces menteuses larmes

Qui miraient le soleil.



Mourir non plus n'est ombre vaine.

La nuit, quand tu as peur,

N'écoute pas battre ton cœur :

C'est une étrange peine.



Les Contrerimes LXX (publiées en 1921)
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des chiens qui aboient



y a des chiens qui mordent ma sœur

des chiens qui aboient méchamment

ce sont les gens qui les rendent comme ça

mais ce sont les chiens qui mordent quand même

ce n’est pas pour ça qu’on va pas partir

ni les chiens ni la nuit

ni les chiens de la nuit

n’empêcheront jamais une fraternité

la solennité d’un aller-retour nocturne

ni la peur

en fait c’est surtout la peur qui nous mord

les menaces les cris les interdictions

les histoires des souffrances des parents

et des grands-parents

au-delà il ne reste plus que la légende

tous ceux qu’on n’a pas connus garderont cette aura légendaire

irrémédiable ma soeur

après neuf heures ici on coupe l’électricité

pour faire des économies

et pour permettre aux chiens d’aboyer de partout

mais il nous reste la neige la lune les étoiles

et la peur ma sœur



(p. 24)
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Une présence occupée n'importune personne. Il n'y a rien de plus naturel qu'une présence occupée. Mais une présence inoccupée ? Comment la regarder ? Personne n'est habitué.
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Mais le moment que je préfère reste celui des matins d'automne, quand le soleil à peine levé, mais déjà triomphant, tandis que brille encore l'étoile journale, celle mêmement nommée Vénus, de laquelle il semble qu'elle ait premièrement faonné l'imparfaite lumière de l'aube, transmute la plate lumière albine qui, je te le confesse, par son blême, me fait toujours entrer en désespérance, et roussit la déjà fauve forêt aux alentours, tant splendidement par endroits que l'on croirait qu'un encendement y a été initié, d'autant que l'astre radieux n'a encore pu dissiper l'épaisse brume qui s'est couchée sur elle pendant la nuit, et qu'il en demeure de rares bandes stables, qui semblent de la fumée, et quand, avant de pénétrer dans la chapelle par la porte arrière, celle qui donne sur le cimetière qui jouxte, je me recueille devant les tombes de mes prédécesseurs, ainsi que je le fais presque chaque jour, sans doute pour combattre cet intolérable sentiment de solitude qui m'assaille au débutement du jour, et qui m'est chaque fois comme une pénitence, et quand, sans même lever la tête durant ma contemplation, j'entends une troupe de geais crier l'alarme, alors, je le sais, que personne ne vient jamais à cette heure, comme si les oiseaux braillards voulaient me prévenir d'une présence invisible, et quand je me dis qu'il s'agit bien certainement de celle de Johanne, de qui j'éprouve alors la complète impression, non même comme si elle était en moi, mais comme si elle revenait vraiment près de moi, qu'elle était près de moi, toute proche de moi, quand je sens qu'elle est pour toujours ma prochaine, ce qui, chaque fois, me donne envie de pleurer tendrement.
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Ses brèves amours suivies d'un brusque abandon avaient rassasié la jeune femme de délices et de dégoûts; lasse de sa chair et du fruit de celle-ci, elle semblait étendre à son enfant la réprobation ennuyée qu'elle avait pour elle-même.



(p.27) ( La mère de Zenon)



Il constatait avec amertume qu'aucun de ces gens, sur qui il avait d'abord compté, n'allait en esprit ou en acte plus avant, ou même aussi loin que lui.



(p.39) (Zenon, étudiant, jugeant ses professeurs)



On ne vogue pas sa vie durant sur un beau navire sans détester les rats qui rongent ses oeuvres vives.



(p.250) ( Le prieur des Cordeliers, commentant l'état de l'église)



Le pire coquin, ou le plus pernicieux hérétique, ne sera jamais plus inférieur à moi que je ne le suis à Jesus-Christ.



(p.275) ( Le même)



Peu à peu, comme dans tous les procès qui pour un temps affolent les badauds, on voyait se dessiner sur deux plans deux affaires étrangement dissemblables; la cause telle qu'elle apparait aux hommes de loi (...) dont c'est le métier de juger, et la cause telle que l'invente la foule, qui veut des monstres et des victimes.



(p.367) (Le procès de Zenon)



Le populaire tenait beaucoup à voir brûler ce particulier, et il est dangereux de retirer à un mâtin l'os qu'on a fait danser sous ses yeux.



(p.398) (Peut-on sauver Zenon du bûcher ?)



Tout autant que Bénédicte sur son lit de mort, il l'avait vue nue : il avait deviné le vice mortel de lâcheté qu'elle portait en soi, invisible à tous ceux qui la prenaient pour une femme forte. L'idée de son existence lui était une écharde.



(pp.402-403) (Et il n'y a pas que le peuple à souhaiter Zenon mort.)
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Vous n'êtes que des [...]. Des pions manipulés par le Capital, acceptant de vivre dans des sociétés où les objets ont pris plus de valeur que les gens !



(p. 115)
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Il problema è proprio questo, a una certa età i genitori smettono di dire ai figli quanto gli vogliono bene e poi tutto comincia ad andare in malora.



Le problème est justement le suivant : à un certain âge, les parents arrêtent de dire à leurs enfants combien ils les aiment et alors tout commence à aller de mal en pis.
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- Il faut manger et il faut vivre, poursuivit-il. Mais il faut aussi préserver sa dignité. Quoi qu’on ait à faire pour survivre, on peut respecter la terre et les animaux qui vivent dessus. Souviens-toi de ça. C’est la règle la plus importante du monde.

(page 101)
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Le silence est une arme qu’on sous-estime souvent….
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Patrick n'était pas du genre à se révolter ni à militer pour quoi que ce soit, mais ça le rendait triste de voir que ces gens, qui avaient vécu en pleine nature pendant des siècles, avaient fini par être parqués tels des animaux. Tout ça pour qu'on puisse construire des barrages, abattre des forêts ou exploiter du minerai. Apparemment, on appelait ça le progrès...
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Raymond Devos
« Où courent ils ?

Excusez-moi, je suis un peu essoufflé !

Je viens de traverser une ville où tout le monde courait...

Je ne peux pas vous dire laquelle...

Je l'ai traversée en courant.

Lorsque j'y suis entré, je marchais normalement.

Mais quand j'ai vu que tout le monde courait...

je me suis mis à courir comme tout le monde, sans raison !

A un moment, je courais coude à coude avec un monsieur...

Je lui dis:

-Dites-moi... pourquoi tous ces gens-là courent-ils tous comme des fous ?

Il me dit:

-Parce qu'ils le sont !

Il me dit:

-Vous êtes dans une ville de fous ici...vous n'êtes pas au courant ?

Je lui dis:

-Si, des bruits ont couru !

Il me dit:

-Ils courent toujours !

Je lui dis:

-Qu'est-ce qui fait courir tous ces fous?

Il me dit:

-Tout ! Tout!

Il y en a qui courent au plus pressé.

D'autres qui courent après les honneurs...

Celui-ci court pour la gloire..

Celui-là court à sa perte !

Je lui dis:

-Mais pourquoi courent-ils si vite ?

Il me dit:

-Pour gagner du temps !

Comme le temps, c'est de l'argent...plus ils courent vite, plus ils en gagnent !

Je lui dis:

-Mais où courent-ils?

Il me dit:

-À la banque.

Le temps de déposer l'argent qu'ils ont gagné sur un compte courant... et ils repartent toujours en courant, en gagner d'autre !

Je lui dis:

-Et le reste du temps?

Il me dit:

-Ils courent faire leurs courses...au marché !

Je lui dis:

-Pourquoi font-ils leurs courses en courant ?

Il me dit:

-Je vous l'ai dit... parce qu'ils sont fous !

Je lui dis:

-Ils pourraient aussi bien faire leur marché en marchant...tout en restant fous !

Il me dit:

-On voit bien que vous ne les connaissez pas !

D'abord, le fou n'aime pas la marche...

Je lui dis:

-Pourquoi?

Il me dit:

-Parce qu'il la rate !

Je lui dis:

-Pourtant, j'en vois un qui marche !?

Il me dit:

-Oui, c'est un contestataire !

Il en avait assez de toujours courir comme un fou.

Alors, il a organisé une marche de protestation!

Je lui dis:

-Il n'a pas l'air d'être suivi?

Il me dit:

-Si ! Mais comme tous ceux qui le suivent courent, il est dépassé !

Je lui dis:

-Et vous, peut-on savoir ce que vous faites dans cette ville ?

Il me dit:

-Oui! Moi, j'expédie les affaires courantes.

Parce que même ici, les affaires ne marchent pas !

Je lui dis:

-Et où courez-vous là ?

Il me dit:

-Je cours à la banque !

Je lui dis:

-Ah !... Pour y déposer votre argent ?

Il me dit:

-Non ! Pour le retirer !

Moi, je ne suis pas fou !

Je lui dis:

- Si vous n'êtes pas fous, pourquoi restez-vous dans une ville où tout le monde l'est ?

Il me dit:

-Parce que j'y gagne un argent fou!

C'est moi le banquier! »
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Mets-toi bien dans le crâne qu'un Innu préférera mourir de faim plutôt que de toucher à de la chair humaine.
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